Débuter son parcours de rétablissement après l’inceste : un guide pas à pas
Naviguer dans le parcours de soin après un traumatisme tel que l’inceste peut sembler complexe et décourageant. Pourtant, il existe des ressources et des psychologues spécialisés capables de vous accompagner pour réduire vos symptômes et vous aider à retrouver un sentiment de sécurité et de bien-être.
Ce guide a été conçu pour vous orienter à travers les étapes essentielles du rétablissement. Chaque personne avance à son propre rythme, avec des moments de doute et des périodes de progrès. Le rétablissement est un chemin non linéaire, mais vous n'avez pas à le parcourir seul.e.
1. Choisir son psychologue en 7 étapes
Choisir un.e psychologue peut sembler intimidant, mais il s’agit d’une étape essentielle pour vous sentir en sécurité et accompagné.e. Voici un guide pour vous aider à trouver un.e professionnel.le de confiance.
- Vérifiez les qualifications : Numéro ADELI ou RPPS.
- Spécialisation en psychotraumatisme : Assurez-vous que le·la psychologue est formé·e pour traiter les traumatismes complexes.
- Techniques utilisées : Assurez-vous que les méthodes pratiquées sont validées dans le cas du stress post traumatique, comme l’EMDR ou la TCC.
- Confiance : Le lien de confiance est crucial. Vous devez vous sentir en sécurité dès les premières séances.
- Demandez des informations pratiques : Nombre de séances, coût, modalités.
- Formation en dissociation : Si vous avez des symptômes dissociatifs, c'est un vrai plus.
- Évaluez votre ressenti : Si vous ne vous sentez pas compris·e ou respecté·e, envisagez de changer de psychologue.
2. Les 4 étapes du parcours thérapeutique
L’évaluation clinique pour comprendre vos symptômes
La première étape consiste à rencontrer un.e psychologue pour une évaluation clinique. Ce moment permet de faire un tour complet de vos symptômes, qu’ils soient émotionnels, comportementaux ou physiques. Il est particulièrement important de signaler des symptômes dissociatifs comme la dépersonnalisation (sentiment de détachement de soi) ou l’amnésie dissociative (pertes de mémoire liées au traumatisme), souvent présents chez les survivant.e.s d’inceste.
Pendant cette évaluation, il est normal de ressentir de l’anxiété, mais c’est un moment clé pour établir un lien de confiance avec votre psychologue. Prenez le temps de parler de tout ce qui vous semble inhabituel, y compris les déclencheurs comme des flashbacks, des troubles du sommeil ou des crises d’angoisse.
Exemple concret : "Je me souviens d’une période où certains films déclenchaient une tristesse intense sur plusieurs jours." B.
Rappel : Ce que vous ressentez est normal et légitime. Parler de ces symptômes n’est pas facile, mais c’est un premier pas vers le rétablissement.
Apprendre à vous sentir en sécurité grâce à la stabilisation
Avant de traiter les souvenirs douloureux, il est essentiel d’apprendre à se sentir en sécurité dans le présent. La stabilisation consiste à renforcer votre capacité à gérer les émotions sans être submergé.e. Cette phase peut durer des semaines, des mois, voire plus, et elle fait partie intégrante de votre parcours de soin.
Exemple concret : Un exercice d’ancrage consiste à poser vos pieds fermement au sol et à toucher des objets autour de vous pour vous rappeler que vous êtes en sécurité dans le moment présent.
Témoignage : "Pendant les premières semaines, j'avais l'impression de ne pas avancer. Ma psychologue m’a expliqué que la stabilisation était comme la fondation d’une maison. Elle prend du temps, mais elle est essentielle pour éviter que tout ne s'effondre plus tard." A.
Rappel : Ce processus peut sembler long ou frustrant, mais il est essentiel pour éviter la retraumatisation. Prenez le temps de vous familiariser avec ces techniques.
Traiter les souvenirs traumatiques avec des méthodes éprouvées
Le retraitement commence lorsque vous vous sentez suffisamment stable pour aborder vos souvenirs douloureux. Des méthodes comme la TCC ou l’EMDR sont souvent utilisées pour diminuer l’impact émotionnel des souvenirs.
Exemple concret : Lors d’une séance d’EMDR, vous pourriez être invité·e à penser à un souvenir douloureux tout en suivant les doigts de votre psychologue qui bougent de gauche à droite.
Mise en garde : Il est crucial de démarrer le retraitement lorsque vous vous sentez prêt.e et en sécurité. Un retraitement prématuré, mal encadré ou avec quelqu’un en qui vous n’avez pas confiance peut raviver le traumatisme.
Intégrer vos souvenirs pour qu’ils prennent moins de place
L’intégration est la phase où vous commencez à réintégrer les souvenirs dans votre histoire personnelle, sans qu'ils dominent votre vie quotidienne. Vous vous sentez plus à l’aise avec vos émotions.
Témoignage : "Après plusieurs mois de thérapie, j’ai réalisé que je pouvais repenser à certains souvenirs sans avoir une montée de panique." F.
Rappel pour les survivant.e.s : Ce chemin est long, mais chaque petit pas compte. Soyez doux.ce avec vous-même.
3. Enrichir le parcours avec des techniques corporelles
En parallèle des autres étapes du parcours, il peut être utile d’intégrer des techniques corporelles comme le Yoga thérapeutique ou le Somatic Experiencing. Ces pratiques aident à relâcher les tensions physiques et à favoriser une meilleure conscience corporelle, particulièrement pendant l’intégration.
Ces approches peuvent être adoptées après la stabilisation, en discussion avec votre thérapeute et en restant à l’écoute de vos réactions.
Témoignage : "Quand j’ai exploré les approches psycho-corporelles, j’ai réalisé à quel point mon corps réagissait comme s’il était encore en danger. J’étais débordée par la colère ou la tristesse. C’est en passant par le corps que j’ai appris à avancer doucement." P.
4. Se recentrer grâce aux techniques d’ancrage : un outil au quotidien
Naviguer à travers des informations intenses peut parfois être émotionnellement épuisant. Si vous ressentez de l’inconfort, prenez une pause. Respirez, pratiquez un exercice d’ancrage, ou prenez du temps pour vous recentrer.
Rappel : Si vous ne maîtrisez pas les exercices d’ancrage, contactez-nous à [email protected] pour participer à nos séances gratuites animées par une psychologue.
Pour conclure
Le rétablissement est un chemin personnel, ponctué de moments difficiles et de victoires. Vous avez le droit de prendre votre temps, de vous entourer de professionnel.le.s compétent.e.s et de respecter vos limites. Chaque étape, de l’évaluation à l’intégration, est conçue pour vous aider à retrouver un sentiment de sécurité et d’apaisement.
Rappelez-vous : vous n'êtes pas seul·e dans ce parcours, et des ressources sont là pour vous soutenir.
Ressources supplémentaires :
- SOS Inceste et Violences Sexuelles : 0 800 05 95 95 – Ligne d'écoute gratuite et anonyme.
- EMDR France : emdr-france.org – Trouvez un·e psychologue EMDR certifié·e.
- nook : Programme de 8 semaines pour victimes d’inceste et de violences sexuelles dans l’enfance alliant psycho-éducation et techniques de stabilisation.